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Texte 4 : Céline Minard

 

LA KUIN (extrait)

 

De la même façon quelle se tient debout au centre de la déclivité creusée par sa masse corporelle sur la toile de soie qui la porte, dans la position d’être vue et prise en considération, elle leur a tenu le monde devant les yeux sous la forme d’une boule de verre liquide où se répétaient en minuscule les évènement biologiques, météorologiques, sismique et migratoires qui avaient effectivement lieu sur terre.

Durant des semaines solitaires, devant le parlement de son village, puis devant ceux de son pays, des pays voisins, des pays éloignés, des pays inatteignables, elle s’était contentée de tenir à bout de bras un artefact subtil connecté aux données scientifiques du moment. Une élégante miniature, animée de nuances et de soubresauts, un objet qui lui sautait dans les mains quand il encaissait les grosses secousses, les frictions et les tempêtes synoptiques.

Parce qu’il était assez petit pour qu’on ait idée d’en prendre soin, ils l’ont vu. Parce qu’ils étaient nombreux, de plus en plus nombreux pour le constater, ils ont accepté de voir ce qu’ils voyaient. Et de prendre dans leurs mains, avec la fumée brûlante, l’étoffe de leur avenir.

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