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LE PROJET PARLEMENT DE LA LOIRE

Après la Nouvelle-Zélande, la Colombie et l’Inde qui ont respectivement offert le statut de « personnalité juridique » à des entités non-humaines (les fleuves Whanganui, Rio Atrato et Gange1) afin de relever le défi de la crise bioclimatique, le POLAU (pôle arts et urbanisme) en région Centre-Val de Loire a engagé la même démarche pour la Loire, le dernier fleuve naturel d’Europe.

En octobre 2019, à Tours, les premières auditions du « parlement de Loire » constituent l’acte inaugural d’une fiction institutionnelle inédite en Europe. Animée par l’écrivain Camille de Toledo, une commission d’information2 auditionnait le philosophe des sciences Bruno Latour, la chercheuse Frédérique Aït-Touati, l’archéologue Virginie Serna et le paysagiste Bruno Marmiroli. En présence d’une centaine d’auditeurs, cette commission œuvre depuis lors à la reconnaissance de la personnalité juridique du fleuve Loire et réfléchit aux potentialités d’une constitution inter-espèces. Ces auditions se poursuivent à l’automne 2020 avec de nouveaux invités, penseurs, juristes, usagers, artistes.

Ce récit collectif en acte, porté par le POLAU, prend appui sur des précédents législatifs et jurisprudentiels qui ont reconnu des sujets de la nature comme sujets de droit : en 2017, notamment, la loi néo-zélandaise a doté le fleuve Whanganui d’une personnalité juridique3. Le Rio Atrato en Colombie, des territoires en lutte aux États-Unis, utilisent l’outillage juridique pour défendre des modes d’existence autochtones face à des intérêts qui détruisent des écosystèmes.

La crise bioclimatique exige de changer nos manières d’habiter et d’accueillir les perspectives élargies du vivant. L’expérience du « parlement de Loire » cherche à définir les contours d’une transformation institutionnelle pour faire des vivants, des milieux, les parties prenantes d’un nouvel équilibre des pouvoirs. Pour que la nature et ses composantes soient accueillies dans un contrat social élargi. Au-delà du renversement de perspective que cela implique, la démarche génère des ondes d’intérêt de la part de groupements et d’organisations territoriales en charge de la gestion du fleuve et des transitions écologiques. C’est une narration d’avenir qui ouvre la voie à une constellation de projets contributifs, d’aménagement et de développement local, qui prennent notamment appui sur le rapport des auditions du « parlement de Loire » et l’hypothèse d’une déclaration de la personnalité juridique du fleuve.

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